Le héron

 

Un grand bayayet de héron qui faisait un petit viron au bord d'une boutasse, regardait dans la baille. Il brogeait de quoi serait fait son gandot de midi.

Ce grand déguinguandé marchait dans la piotre, en appinchant les poissons, du bord de la péchure. Des brochets, des carpes, des tanches passaient devant ses clinquets, à portée du pique-feu qui lui sert de bec. Mais il n'avait pas faim, et préférait droguer un peu. Quand la faim le prit, il vit un goujon. Ce grand faramelan trouva que c'était bien matru, pour faire le repas d'un piaf de son envergure.

Quand son estomac se mit à jouer de la quinarelle, il avait beau borniqueter, il n'y avait plus la queue d'un poisson, même pas un gargouillou.

Alors à force de carravirer et de revorger la piotre, il finit par décarrucher un petit veson, dont il dut se satisfaire.

Refuser la poularde, sous prétexte qu'on a pas faim, c'est un coup pour finir au marché de Jacquart ou de Carnot, à ramasser les salades et les fruits moitié petafinés.